TRAGEN.Hz – oratorio ratures
Céline Pierre
Sommaire :
1. Le texte du projet dans son ensemble
2. La vidéo/électroacoustique
3. Les images
Biographie
1. Le texte du projet dans son ensemble
TRAGEN.Hz – ondes portées – oratorio ratures.
Soundrecordings, vidéos, conception et composition : Céline Pierre.
Au travers d’un sujet qui touche à l’actualité et à l’histoire de l’Europe, une création qui émerge d’une collecte d’images, de sons et de textes issus du campement de Calais. Le travail mené au CRR et au CNCM Césaré de Reims[1] a donné lieu à une série de pièces électroacoustiques et vidéo, de pièces mixtes et de performances pour sites et scènes pluridisciplinaires.
« A l’heure où le monde se déréalise toujours davantage dans le spectacle qu’il se donne à lui-même, à l’heure où ‘le monde s’en est allé’, il y a quelque chose de singulier qu’à Calais ont éprouvé tous ceux qui se sont portés à la rencontre des migrants ; là, avec ceux qui sont hors de tout chez-eux, se donne à partager quelque chose de réel. Par la voix, celle des migrants, des lectures et du chant, le projet tente de dire un peu – en reste – de cela. » (Lp pour Tragen.Hz)
TRAGEN.HZ – ondes portées – oratorio ratures pour performances multiples : « HZ » symbolise les ondes hertziennes. « TRAGEN » signifie porter en allemand. Le titre pourrait donc se traduire par « ondes portées ». « HZ » pourrait être l’acronyme de « Hertz », le cœur en allemand. À la façon dont l’écrit Paul Celan : « Die Welt ist fort ich muss dich tragen ». Le monde s’en est allé je dois le porter. « Oratorio ratures » : dans le sous-titre, un mot pris au registre sonore, un autre à celui du visible – la rature comme un hiatus, une ouverture par où images et sons se répondent. Un parti et un partage du sensible indissociablement poétiques et politiques.
L’écriture du projet sollicite des plans séquences du campement de Calais enregistrés lors de son démantèlement, incendies, terres et aires calcinées ; et un corpus de séquences sonores reliées par le cri : cris et stridences de l’instrument à cordes, cris issus de la tradition des chants de deuil et du chant lyrique, cri qui porte ce qui se tait et se rature dans toute écriture, ce qui en appelle aux voix, les porte de la plainte à la complainte, voire à la consolation. L’ensemble de ces constituants provoquent une suspension du temps et de l’espace où retentit convocations, évocations et disparition des voix anonymes. Une évocation dans le sillage de l’oratorio, qui via l’une de ses origines, « la lauda » – sorte d’hymne monodique élaborée au XIIIe siècle par des pénitents arpentant des terres dévastées – s’inscrit dans cette longue histoire de la migration et de la guerre. Chemin, sable, sol et cendre, tout effleure en situation d’effacement là où la voix se veut faire chemin et où le temps s’étire dans la direction du poème :
« les poèmes sont aussi de cette façon en chemin, ils mettent un cap, sur quoi ? Sur quelque chose qui se tient ouvert, disponible, sur un tu as à qui parler, une réalité à qui parler » écrit Paul Celan. (Lp pour Tragen.Hz)
Une production LES SEPTANTES/laboratoire d’écritures multiples.
Le projet est réalisé au Laboratoire de Composition du CRR-Reims et en résidence au Centre National de Création Musicale Césaré-Reims; le porteur de projet bénéficie du dispositif d’aide à la Création & à la Diffsuion Arts Visuels de la Région Grand Est et de à l’aide au projet Musique de la DRAC Grand Est.
2. La vidéo/électroacoustique
https://vimeo.com/291877311
code TRAGEN.HZ
Présentation de la vidéo :
TRAGEN.HZ – oratorio ratures :
Séquences de voix et vidéos enregistrées sur un campement de réfugiés à la frontière franco-anglaise et séquences de cris, altérations et itérations instrumentales et vocales enregistrées en studio. Ensemble qui porte ce qui se tait et se rature dans toute écriture, ce qui, de la plainte à la complainte, en appelle aux voix et provoque une suspension du temps et de l’espace où retentit convocations, évocations et disparition des voix anonymes.
Conception, collectes et composition visuelle et sonore : Celine Pierre ; voix : Thierry Machuel, Caroline Chassagny et voix enregistrées sur le campement de Calais ; alto : Elodie Gaudet ; viole de gambe : Louis Michel Marion.
Une série d’études visuelle et sonore existe aussi :
ERASURE 05:00
Voix/Mixt-violin.
https://vimeo.com/264612719 code TRAGEN.HZ
A partir d’une improvisation de chant lyrique, ERASURE est l’ouverture instrumentale et vocale du projet. Les sections de séquences de crissement alternent, entament et altèrent l’enveloppe des voix comme celle de ceux et celles qui ont tenté de traverser la frontière de barbelés dite « lames de rasoir » qui borde l’entrée des voies de chemins de fer du tunnel sous la Manche. ERASURE, le mot anglais à la frontière du français susurre le fil du rasoir et la rayure de la carte.
NOMANSLAND 07:30
Alto/Archet baroque.
Avec déplacement de l’instrumentiste sur la scène.
https://vimeo.com/264613883 code TRAGEN.HZ
Bordée d’une voie rapide, une terre desséchée, de sable surexposée, arpentée des pas suspendus d’hommes en attente. Une marche errante et ralentie, en situation d’écrasement sur un sol à traverser. Des sons itératifs aux pulsations de l’archet à l’entrave d’une attente, des harmoniques percent, dessinent, effilent ou signent l’environnement du vent.
NIGHT SHOT 04:35
Viole de gambe/Théorbe/Fieldrecording
https://vimeo.com/264732345 code TRAGEN.HZ
Un trou d’images où grésille un vide. Un fourmillement de poussières de pixels, l’image « sous-ex » chute. L’effigie ou la stèle d’une femme de dos et l’extraction à la théorbe de pulsations renverse l’espace acoustique pour dire l’incendie de nuit.
SO LONG 03:10
Viole de gambe/Théorbe/Fieldrecording
https://vimeo.com/264614397 code TRAGEN.HZ
Le vacillement de l’image, sa grésille, bascule en une sorte de graillon de la voix ; le grêle, la graille de la viole se mêle aux inflexions et complexions de la voix d’un jeune adolescent au sortir de son abri.
3. Les images
Séries d’images extraites de l’étude visuelle et sonore de SYNAPTé :
SYNAPTé (07:40):
À partir d’une improvisation vocale inspirée de chants de deuils et notations de tragédies antiques – synapté – pour dire litanie en grec ancien, cette vidéo/étude visuelle et sonore du projet TRAGEN.HZ en est comme la matrice. La voix, âpre, un râle s’étire et se diffracte : démantèlement des communautés de vie du campement. Voix comme retirée de ces précaires habitables de bois calcinés, esseulée, elle soulève en un peu de cendre chaude ce qui reste d’attente des silhouettes passantes. Râles de l’oracle, complainte en quête de consolation, voix première et altérée, voix du constat qui rature et relève et restitue ces images en témoin de cette longue histoire de la migration et de la guerre.
1. Voir le CRR de Reims : conservatoire-a-rayonnement-regional-de-reims et Césaré – Centre national de création musicale : cesare-cncm.com
Biographie
CELINE PIERRE : réalisatrice artistique diplômée du CRR-Reims en électroacoustique et de l’ENSBA-Paris en multimedia et performance, réalise des projets pour sites spécifiques avec participation des populations, environnements de projections, pièces radiophoniques, films-essais et oratorio vidéos.
Avec le projet TRAGEN.HZ mène, à partir de collectes réalisées sur un campement de réfugiés, un travail d’écritures visuelles & sonores destiné à des sites et scènes pluridisciplinaires.
Celine Pierre.
https://celinepierrevisualcomposer.tumblr.com/
celine_pierre@orange.fr
06 13 64 16 28