Cardew :
Avant de rejoindre le groupe d’improvisation AMM, Treatise a été un essai élaboré de notation musicale graphique…
Saïki :
Mais c’est vrai que Treatise a un côté, je trouve, très brut, très aride, il n’a pas de couleur…
Cardew :
…après cette expérience au sein d’AMM, la partition est devenue simplement une musique graphique.
Saïki :
C’est très radical aussi dans le trait…
Cardew :
…que je ne peux que définir comme une partition graphique qui produit sur le lecteur, sans aucun son, quelque chose d’analogue à l’expérience de la musique…
Saïki :
Et je pense que ça peut se rapprocher de réflexions, de travaux de musiciens improvisateurs qui prennent un propos, une singularité, quelque chose qui leur appartient et qu’ils développent, affinent, ressentent, travaillent sur cette chose unique.
Cardew :
…un réseau de lignes et d’espaces sans noms qui poursuivent leur propre géométrie sans aucune liaison avec des thèmes ou des modulations, avec des séries dodécaphoniques et avec leurs transformations, avec les règles ou les lois de la composition musicale et toutes les autres inventions de l’imagination musicologique.
Saïki :
Pas mal d’artistes dans ces champs-là se centrent beaucoup sur un mode, une façon de faire, et je pense que, du coup, Treatise peut faire écho à ces fonctionnements-là.