Appel à contributions 2016-17

English translation


« Actes artistiques à partir de partitions graphiques »

Exposé du problème

Depuis les années 1950, à l’initiative de compositeurs tels que Morton Feldman, John Cage, Earl Brown, Sylvano Bussotti, Karlheinz Stockhausen, Cornelius Cardew, Anestis Logothetis (etc.), l’utilisation de partitions graphiques, exigeant des interprètes d’inventer par eux-mêmes la signification sonore des signes inscrits sur le papier, a été largement expérimentée. Ces pratiques ont suscitées une controverse majeure sur l’impossibilité de déterminer comment un résultat sonore pouvait être attribué sans ambiguïté à une partition spécifique produite par un auteur déterminé (voir Nelson Goodman, Langages de l’art : Une approche de la théorie des symboles, tr. fr. J. Morizot, Paris, Hachette, 2005). La notion d’œuvre dans ses dimensions d’objet idéal de création par un auteur déterminé était directement remise en question.

En 1969, l’architecte Lawrence Halprin en collaboration avec la chorégraphe Ann Halprin a présenté dans un livre The RSVP Cycles : Creative Processes in the Human Environment (G. Brazilier, 1970) l’idée que dans tous les processus de création, une partition (Score, S de RSVP) intervenait sous forme de graphisme (les plans d’architectes par exemple) et que, en conséquence, toute forme graphique pouvait donner lieu à des productions dans tous les différents domaines artistiques : en utilisant des matériaux (Ressources, R de RSVP), des systèmes de valeurs (Values) et des processus particuliers (Process).

Après une période d’expérimentations intense (1950-70), il semble que l’utilisation des partitions graphiques dans la musique contemporaine occidentale ait quelque peu disparu. Mais on retrouve souvent l’utilisation des partitions graphiques de manière plus anonyme dans les musiques où l’improvisation tient une place importante, non plus comme objet majeur de l’identification de l’œuvre, mais comme simple outil (parmi d’autres) d’élaboration des formes. Dans ce contexte les partitions graphiques tiennent une place importante dans la pédagogie des pratiques instrumentales et vocales permettant de focaliser la réflexion sur l’émission des sons et sur la manière de l’envisager de manière collective.

Il semble intéressant aujourd’hui de tenter de voir dans quelle mesure le phénomène des partitions graphiques perdure dans les pratiques artistiques. La définition élargie de « partition graphique » dans le cadre de cet appel à contributions s’établit comme suit :

Un graphisme, assemblage de signes visuels, déterminant des actions réalisées par des humains selon des modalités diverses. Ou au contraire des actions réalisées par des humains donnant lieu à un graphisme selon des modalités diverses.

Un graphisme peut donc donner lieu à de la musique, de la danse, du théâtre, de la poésie, etc. Dans le cas de la musique, les signes de la notation musicale traditionnelle ne sont pas exclus, mais la tâche de transformation du signe à sa signification en terme de sonorité doit rester (au moins en partie) déterminée par le musicien qui va jouer.

 

Une nouvelle ligne « Partitions graphiques »

Dans l’idée d’un site internet, espace numérique évolutif, PaaLabRes envisage une nouvelle forme multimédia pour l’année à venir : une nouvelle ligne serait intégrée dans le plan du métro intitulée « Partitions graphiques », inspirée de la ligne centrale « Cartographie PaaLabRes » :

  1. Les stations seraient composées d’extraits de réalisation de partitions graphiques (par exemple sons accompagnés de la partition) ;
  2. Le passage entre les stations serait composé de textes (collages) assurant la transition d’une réalisation à une autre ;
  3. Quelques stations (3 ou 4 au maximum) seraient constituées par des textes de référence concernant les questions relatives à l’utilisation des partitions graphiques.

 

Appels à contributions

Le collectif PaaLabRes (Lyon) dans le cadre de son espace numérique, fait un appel à contributions concernant les réalisations de partitions graphiques. L’appel concerne trois catégories de contribution :

  1. Un extrait d’une réalisation d’une partition graphique (maximum 5 minutes) combinant un support graphique et son rendu artistique. Par exemple la piste audio peut être une réalisation sonore d’une partition graphique (nécessairement libre de droits) apparaissant sur la piste « visuelle ». Ceci n’est qu’un exemple, d’autres formes peuvent être proposées.
  2. Mêmes conditions que dans le premier cas, mais cette fois concernant exclusivement une réalisation en terme d’actions (pas forcément musicales) d’un extrait de la partition Treatise de Cornelius Cardew (Peters Edition 1963-67).
  3. Articles de recherche (sans limite de taille) sur le sujet général des partitions graphiques telles qu’elles sont définies en ci-dessus. Notre intention est de ne publier que quelques contributions de ce type (jusqu’à trois ou quatre articles).

Pour les propositions (1), et (2), un texte (même très court, jusqu’à 1500 mots) doit obligatoirement accompagner le contenu artistique. Cela s’inscrit dans la volonté initiale de PaaLabRes d’associer systématiquement dans chacun de ses projets, recherche et formes artistiques en invention. Nous proposons trois formes possibles pour ce texte :

  1. Un texte décrivant les processus qui ont amenés le (ou les) participant(s) à réaliser ou transformer la partition graphique en actions (ou les actions en graphismes).
  2. Un texte libre, poétique ou exprimant des idées à juxtaposer à la réalisation artistique.
  3. Un texte traitant des aspects théoriques des processus.

Ce texte sera utilisé par l’équipe éditoriale de PaaLabRes pour construire par collage une transition entre les stations, mêlant les deux textes de deux stations adjacentes avec éventuellement des ajouts de l’équipe éditoriale. Tous les textes seront publiés dans leur intégralité, mais dans des formes choisies par PaaLabRes. La mise en forme des textes permettra au lecteur d’identifier à quel(s) auteur(s) se réfèrent les différentes parties du texte.

 

Calendrier

Date limite de déposition des propositions : 31 décembre 2016.
Réponse PaaLabRes : 1er février 2017.
Publication : mai-juin 2017.
Les propositions doivent être envoyées à contribution[]paalabres[]org
S’il y a des questions concernant cet appel à contributions, elles peuvent être envoyées à la même adresse.

 

Autres contributions

Par ailleurs, PaaLabRes sollicite des contributions pour enrichir les lignes déjà en existence de son espace numérique : Improvisation, Recherche artistique, Politique et Compte-rendu de pratique (voir en particulier l’Editorial). La ligne « Cartographie PaaLabRes » est définitivement constituée, il n’est pas prévu d’y ajouter de nouvelles contributions. Nous encourageons la diversité des formes de contributions : articles de recherche, textes libres ou poétiques, vidéos, enregistrements sonores, graphismes, formes hybrides multimédias, etc.

Ces contributions peuvent être envoyées à tout moment à cette adresse : contribution[]paalabres[]org

 

Informations générales

Les textes peuvent être proposés en français ou en anglais. Dans le premier cas ils seront présentés comme tels avec un résumé en anglais. Dans le deuxième cas, ils seront soit publiés en anglais avec un résumé en français, soit accompagnés d’une traduction française. Les articles déjà publiés dans une langue étrangère au français, seront traduits en français avec références à leur publication initiale.

Le collectif PaaLabRes est constitué en comité éditorial. Il se réserve le droit de déterminer le contenu de l’espace numérique.

L’équipe de rédaction est constituée de : Samuel Chagnard, Jean-Charles François, Noémi Lefebvre et Nicolas Sidoroff.

 
 


Télécharger l’appel à contribution (3p format A4, 146Mo)